Je continue, quand le temps me le permet, d'éplucher les registres des communes où habitaient les ancêtres de ma femme. En ce moment, j'étudie plus précisément la commune de Maisse, située dans le sud de l'Essonne (91), très proche du Loiret et de la Seine-et-Marne. Maisse reste un village et compte environ 800 habitants au début du XIXè siècle d'après Wikipédia. L'avantage (ou l'inconvénient, c'est selon), c'est que dans ces villages, tout le monde est plus ou moins relié à tout le monde. Ainsi, dans mon fichier Heredis, étant donné que je note les divers cousins, au final, j'y intègre près de 90% des personnes présentes sur les registres.
Il en est ainsi de Pierre Tranquille Amand HAMOND. Ce patronyme est identifié comme étant celui de plusieurs des SOSA de mes enfants, mais Pierre n'est pas encore rattaché à eux, pour l'instant au moins.
Il apparaît dans mes fichiers quand il se marie le 09/11/1790 à Maisse avec Marie Anne COURTELLEMONT, qui est une descendante du SOSA 1672 (11è génération). Marie Anne donnera 3 enfants à Pierre Tranquille, avant de décéder le 14 Floréal An 3.
Pierre Tranquille, meunier à Maisse, se remarie assez vite, le 1er Fructidor An 3, avec Madeleine Françoise HUTTEAU, qui lui donnera 5 enfants, dont 4 décèderont avant l'âge de 5 ans. Mais le sort s'acharne sur Pierre Tranquille, lorsque Madeleine Françoise quitte ce monde le 30 Ventôse An XI. Il a encore 5 enfants à élever et peut a priori difficilement le faire seul.
Oui, mais voilà, il ne choisit pas n'importe qui pour l'aider dans cette tâche. Le 30/08/1808, il déclare la naissance de Simon Modeste, fils naturel par déclaration volontaire, de son union libre avec une certaine Marie Madeleine HUTTEAU. Tiens tiens, un nom que l'on connaît bien. Rebelote 2 ans plus tard, avec la naissance de Louis Alexis le 14/12/1811. Mais cette fois-ci, le maire de la commune, qui inscrit l'acte sur les registres, nous fait le plaisir de recopier l'acte de reconnaissance de l'enfant par les parents. J'avais déjà eu des actes de reconnaissance auparavant, mais plutôt succincts. Là, le maire nous en donne pour 4 pages. Je ne vais pas en retranscrire l'intégralité ici, mais vous en donner les bons moments, qui permettent de mieux comprendre le nouveau ménage mis en place.
Juste après l'acte de naissance, on trouve donc l'acte de reconnaissance que "le sieur Pierre Tranquille Hamond et la Demoiselle Marie Madeleine Hutteau entendent respectivement faire devant nous de l'enfant du sexe masculin à nous ci-dessus présenté comme étant le fruit de leur liaison amicale et sociale". Le maire nous indique qu'il se rendra au domicile du sieur Hamond le lendemain pour cette reconnaissance.
Et le lendemain, le maire, accompagné des deux témoins déjà présents pour la déclaration de la naissance, se rend donc chez Pierre Tranquille Hamond.
"Nous nous sommes transportés avec les sieurs Jean Jacques Amaury et Pierre Gabriel André Hamouy en la maison & domicile du dit sieur Hamond appelée le Moulin Neuf, dépendant de la dite commune de Maisse, où ayant été introduit accompagné des dits témoins en la chambre servant d'habitation dont l'entrée est à gauche du dit moulin et est éclairée par deux croisées dont une a vue sur la cour et l'autre sur le chemin de Courdimanche à Milly, avons trouvé la demoiselle Marie Madeleine Hutteau, belle sœur du sieur Hamond, accouchée depuis quelques jours, gisante dans son lit se portant aussi bien que peut le permettre son état, jouissant de toutes ses facultés intellectuelles de même que la quelle est en parfaite santé".
Je vous passe un peu de texte purement administratif, mais, en plus de la description de l'habitation, on a déjà appris que la mère de l'enfant n'est autre que la belle-sœur du père de l'enfant.
Le maire continue et nous en apprend encore sur les relations entre les deux parents de l'enfant.
"Le sieur Pierre Tranquille Hamond, majeur, meunier au Moulin Neuf dépendant de cette commune de Maisse, et la Demoiselle Marie Madeleine Hutteau, aussi majeure y demeurant avec le dit sieur Hamond, comme sa belle sœur et la principale gérante de son ménage et de ses affaires commerciales [...] qu'ils reconnaissent présentement l'un et l'autre que l'enfant du sexe masculin désigné en l'acte de naissance du jour d'hyer sous les prénoms de Louis Alexis est bien véritablement leur enfant & le fruit de la liaison sociale et amicale subsistante habituellement entre eux depuis plusieurs années ; ne faisant toutefois pour l'instant la présente déclaration qu'en attendant qu'ils puissent réaliser leur dite liaison sociale & amicale par le biais d'un mariage solennel qu'ils désirent ardemment de contracter le plus tôt qu'ils le pourront et qu'ils ont déjà été sous leur parenté et degré trop proche l'un de l'autre (étant beau frère et belle sœur) et la difficulté qu'ils éprouvent de la part du gouvernement relativement à la prohibition du même Code."
Et voici l'explication. En tant que belle-sœur et beau frère, impossible légalement pour eux de se marier pour l'instant.
Encore un peu de blabla administratif et l'acte de reconnaissance est enfin lu aux parents. La mère signe, la père dit ne pas savoir.
Les époux finiront par se marier le ... 20/05/1835 à Maisse, pas aussi rapidement qu'ils ne l'auraient souhaité. Dans l'acte de mariage, le maire stipule bien avoir annexé à l'acte de mariage "l'expédition en parchemin scellé du grand sceau en cire verte, de l'ordonnance du Roi du vingt sept avril mil huit cent trente cinq qui lève en faveur des futurs époux la prohibition prononcée à leur mariage par l'article 162 du Code Civil, la dite ordonnance rendue en exécution de l'article unique de la loi du seize avril mil huit cent trente deux".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire