jeudi 21 novembre 2013

#Geneatheme Une famille décimée

Contrairement à beaucoup de généalogistes, je n'ai pas d'ancêtres directs décédés lors du conflit de 14-18. Des frères, des cousins, des oncles de SOSA, mais pas de SOSA. Ma femme en a pour sa part 3 : ses deux arrière-grands-pères paternels, ainsi qu'un arrière-arrière-grand-père du côté maternel.

Mais je vais les laisser de côté, au moins pour l'instant, pour montrer une nouvelle fois que cette guerre a coûté très cher à beaucoup trop de familles. C'est en indexant le monument aux morts de Buno-Bonnevaux (91) sur Mémoire des Hommes que j'ai noté les informations dont je vais traiter.

Monument aux morts Buno-Bonnevaux, collection personnelle
 
Eugène Honoré PERICAT et Adèle Eugénie BARDIN font partie de familles collatérales alliées de celle de ma femme. Ils se marient à Buno-Bonnevaux le 19/10/1887. Naissent de cette union deux filles : Henriette Adèle Eugénie en 1887 et Fernande Marie en 1889. Suivent quatre garçons : Henri Georges en 1890, Fernand Joseph en 1891, Charles Lucien en 1894 et enfin Alphonse Maurice en 1896.

Lorsque la guerre éclate, Henri Georges et Fernand Joseph ont a priori terminé leur service, sauf s'ils sont encore sous les drapeaux alors que la loi Barthou fait passer le service de 2 à 3 ans. A noter qu'Henri Georges est de la classe 1911, alors qu'il est né en 1890 (les registres sont formels, je ne sais pas d'où vient cette erreur). Charles Lucien est quant à lui appelé l'année du début de la guerre. Je pense qu'Alphonse Maurice sera appelé ensuite, le temps venu (à vérifier aux AD sur les registres matricules).

Sur les fiches Mémoire des Hommes, Henri Georges est affecté au 12ème Régiment de Cuirassiers, Fernand Joseph au 29ème Régiment de Dragons et Charles Lucien au 405ème Régiment d'Infanterie.

Fernand Joseph au sein du 29ème Régiment de Dragons commencera la guerre en Belgique, avant de revenir vers Paris, puis de reprendre le chemin des Flandres. L'historique du régiment sur Gallica nous indique les événements suivants pour décembre 1914.
"Dans les premiers jours de décembre 1914, le 29ème Dragons [...] est prêt à prendre part à nouveau au combat.
Il semble que l'ennemi, épuisé par la sanglante bataille de l'Yser, renonce à ses projets offensifs. Le Commandement français décide de saisir l'occasion pour élargir la tête de pont de Nieuport, afin de pousser jusqu'à Ostende.
[...] Le 15, l'escadron à pied franchit l'Yser et participe aux attaques de la Grande Dune. Pendant 12 jours, il se maintient avec la S.M. sur le terrain conquis malgré de lourdes pertes et les difficultés chaque jour plus grandes d'une lutte qui se poursuit dans les tranchées de sable."

Fernand Joseph sera de ces lourdes pertes, tué à l'ennemi le 18/12/1914 aux dunes de Nieuport.

Source : Mémoire des Hommes

Charles Lucien a dû intégrer le 405ème Régiment d'Infanterie lors de sa création en mars 1915 (cf Historique du Régiment sur le BDIC). Après quelques semaines en Champagne, le Régiment part en direction du nord, où il sera présent de nombreux mois dans le Pas-de-Calais. En juillet, "le 405ème aborde le secteur de Neuville-Saint-Vaast, où tant des siens seront destinés à verser leur sang.
Il y reste avec quelques pertes, sensibles surtout au 1er Bataillon, du 26 juillet au 5 août. Puis il va se reposer vingt jours [...]. Ce repos est employé surtout à enseigner le lancement des grenades et le travail des sapes, puis le 23 août commence une longue période de tranchées, riche en pertes et en rudes travaux. [...]
La préparation d'artillerie lourde commence, en vue de l'offensive prochaine. [...] Le 25 au matin, le Régiment est en tranchées, entre Mont-Saint-Eloi et la ferme de Bethonval, prêt à appuyer l'attaque soit sur Souchez, soit sur Vimy. A 13h30, les Bataillons s'ébranlent en colonnes doubles, les Compagnies en ligne de sections par quatre, sous le feu des 150 et 105 allemands. [...] Enfin, le 28 à minuit, la Régiment tout entier va prendre position sur le terrain déjà conquis devant le Bois de la Folie par les 5ème et 6ème Divisions. [...] Puis, à partir de 11h20, toutes les unités sont successivement engagées, prenant la tranchée Nietzsche, le boyau des Communs, les retournant, les organisant, non sans avoir perdu les deux tiers des Officiers (tués ou blessés) et un millier d'hommes. Le 405ème a beaucoup souffert certes, mais il a fait l'admiration de tous ceux qui ont eu le privilège de le voir à l'œuvre."

C'est pendant ces combats que Charles Lucien est tué à l'ennemi, le 28/09/1915, à Neuville-Saint-Vaast. En l'espace de 9 mois, la guerre vient de tuer deux des fils d'Eugène Honoré et d'Adèle Eugénie...

Source : Mémoire des Hommes

Presqu'un an jour pour jour plus tard, les deux parents recevront une 3ème mauvaise nouvelle. Henri Georges décède le 26/09/1916 à Deauville, à l'hôpital 31, des suites de blessures de guerre. Dans l'attente de consulter la fiche matricule aux AD, je n'en sais pas plus sur les circonstances de ces blessures.
21 mois auront suffi pour décimer la quasi totalité des hommes de la famille, comme dans de trop nombreuses familles en France.

Source : Mémoire des Hommes